Notre-Dame de Belleville; une église et un symbole politique (première partie).

On devine de loin, en empruntant l'autoroute sur-fréquentée qui mène de Paris au sud de la France, la majestueuse tour ajourée de l'imposante abbaye Notre-Dame de Belleville. Bien qu'entourée aujourd'hui de barres d'immeubles disgracieuses de bâtiments industriels hideux et au milieu du vrombissement des voitures, la visite du centre de la ville ancienne et de son abbaye est vraiment remarquable et sans doute un des trésors de l'art roman du Rhône, trop peu connu.

Bien que les origines de la ville remonte aux premiers temps de l'histoire humaine par sa situation privilégiée en bord de Saône, la fondation de l'abbaye est relativement récente et date de l’extrême fin du XIIe siècle.
Contrairement a certains commentaires elle ne doit rien à la présence de Cluny et est le fruit de la volonté d'un seigneur local Humbert III de Beaujeu en guise de vœu expiatoire pour la petite histoire  mais surtout comme le symbole de la volonté politique de puissance  d'une dynastie qui aura une importance certaine pendant tout le Moyen-Age.
Le Cartulaire Lyonnais rappelle que ledit "très illustre seigneur" la fonda dans " le quartier le plus retirée de la ville " cette église le 16 Octobre 1158 qui aurait été achevée en 1159 pour la première église puis entre 1168 et 1179 pour la construction de l'édifice actuel soit une rapidité de construction tout a fait exceptionnelle .
Son emplacement fut choisit avec soin par les Sires de Beaujeu soucieux de se rapprocher des grands axes commerciaux et religieux à un croisement presque parfait de routes terrestres et fluviales, prés d'un port reliant du nord au sud Mâcon à Lyon et d'est en ouest des monts du beaujolais à la Dombes avant la route des Alpes et de Genève.

Richement dotée par ses fondateurs, d'ornements de livres pieux de pièces d'orfèvrerie elle sera pendant plusieurs siècle le mausolée de ces Princes .
Sa situation privilégiée ainsi que l’intérêt que lui porteront les Sires de Beaujeu peuvent expliquer la majesté de cet édifice, en dépit des remaniements des pillages et des destructions des Guerres de Religion en particulier. La Révolution acheva le désastre avec les destruction de la première église, du cloître et de la plupart des bâtiments abbatiaux.

A l’extérieur on est frappé par les dimensions de l'église de plan basilical de plus de 63 mètres sur 17 de large et son vaste transept saillant . On peu admirer la qualité des absides romanes qui en dépit de l'obturation des baies et le rehaussement de la nef à l'époque gothique, sont scandées de cordons ornementaux sculptés qui sont très proches de ceux que l'on retrouve dans le lyonnais ou en Dombes .L'emploi d'une belle pierre calcaire blanche est également à remarquer.



Le puissant clocher carré situé au sud est particulièrement élégant avec ses deux étages de baies en plein cintre et géminées aux chapiteaux sculptés d'un sobre feuillage qui évoque déjà l'époque gothique . Il est encore au centre d'une controverse entre archéologues qui ont imaginé que, comme à Cluny, les bâtisseurs auraient envisagé la construction de trois clochers, thèse que rien ne permet d’étayer sérieusement. Toutefois plutôt qu'aux modèles de Cluny ce clocher semble s'inspirer des modèles de Lyon ou encore de Chambéry ou de Genève .

Enfin on abordera ici seulement la visite de la grande nef à double étage comme à Nantua avec des piles à section cruciforme et des demis-colonnes engagées dans les murs sud et nord qui reçoivent de grands arcs en berceau brisés . Comme on le verra encore en détail les architectes de cette églises ont puisés dans des inspirations multiples ce qui est souvent la richesse et la beauté de l'art roman.




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